Confiance et Sérénité
Voilà bientôt 9 mois qu’une vie grandit en moi. Ce n’est pas la première fois que je suis enceinte, mais probablement la dernière.
Depuis plusieurs jours déjà, quand je me réveille le matin je me dis « et si c’était le dernier jour de grossesse, le dernier jour de cette complicité, de ce moment de vie unique qui est de porter la vie ». Je vis donc toutes ces journées avec beaucoup d’intensité, je savoure chaque mouvement dans mon ventre pour graver à tout jamais cette sensation si particulière.
Et puis il y a ce lundi matin, et si c’était la dernière journée de grossesse … Très vite j’ai compris que ce serait la dernière. Je reste connectée à la réalité, le temps que ton frère et ta sœur arrivent chez papy et mamie, et puis j’appelle ton papa pour qu’il nous rejoigne.
Voilà, je déconnecte, je lâche prise.
La contraction arrive, la douleur me traverse, mais je la laisse faire son travail. Je ne fixe pas mon attention sur cette douleur qui devient de plus en plus forte et de plus en plus fréquente. J’entends ton père arriver, on va pouvoir partir à la maternité. Encore une contraction plus forte, je crie pour accompagner la douleur, je sais bien qu’un accouchement ça fait mal, mais ça ne dure pas, et à la fin on ne retient qu’une immense joie …
Un appel à la sage-femme pour nous donner rendez-vous à la salle nature de l’hôpital.
A priori ce n’était pas dans tes plans, tu en as décidé autrement. A peine le téléphone raccroché tu voulais arriver, maintenant, à la maison. Le stress et l’inquiétude ont vite été masqués par la confiance qui nous entourait. La confiance que j’avais en toi pour nous rejoindre et la confiance que j’avais en ton père pour nous sécuriser toi et moi. La confiance que ton père avait en toi, que quoiqu’il arrive tu serais fort, et la confiance qu’il me faisait d’être capable de te mettre au monde. Et enfin la confiance que tu avais en nous pour t’accueillir à la vie.
Quelques secondes, tout au plus 4-5 minutes, et juste après mon dernier cri, toi tu as poussé ton premier cri dans les bras de ton papa. Puis je t’ai pris dans mes bras, j’ai croisé ton regard. Le temps s’est figé, c’était tellement merveilleux.
Après avoir vu que tout allait bien, je t’ai blotti en peau à peau dans mon corsage, je me suis allongée dans la voiture, direction de l’hôpital. Tu n’as rien dit, tu étais là, tu étais bien, tu étais serein.
Nous voici arrivés dans la salle nature de la maternité, nous avons partagé ce moment privilégié de la première tétée. Enfin, riche de tant d’émotion tu t’es assoupi sur le torse de ton papa, tu étais bien, nous étions bien.
Que cette sérénité et cette confiance qui ont accompagné ta naissance puissent t’accompagner tout au long de ta vie.
Alice
Accouchement et naissance
De l’un à l’autre
Je passe
Je ne sais plus où je suis
Vagues
Soubresauts et états d’âmes
Aller plus loin
Encore
Répit et repos
Tempête qui reprend
Je suis, nous sommes
Force (sur)naturelle
Chemin d’expires
Nous y voila
Glissant,
il devient notre présent
Jaillissement
d’un bonheur éternel, universel, géant
Plénitude de l’instant
Julie
Histoire de passages
Naissance à J+5, naturellement..
Le corps se prépare depuis plusieurs jours avec plusieurs périodes de contractions. Yoyo déstabilisant, mélange d’espoir, de joie, d’appréhension, de déception, de lâcher prise et rebelote.
Départ à la mater après une contraction particulièrement forte. Le trajet en voiture se passe bien, je maintiens ma transe et me surprend par un humour nouveau.
Trop influençable par l’environnement extérieur et trop perfectionniste, mon mental reprend les commandes et le travail stoppe pour reprendre vraiment bien plus tard. De longues heures de yoyo à nouveau. La salle nature, enfin accessible, me permet de lâcher plus, on y est bien et plus libre ! C’est chouette ! Je prends mes marques. La sage femme est là, discrète mais bien présente et encourageante. Mon conjoint me soutient merveilleusement. Je lirais tout le long, inlassablement, un amour et une confiance immense dans ses yeux. Son contact m’apaise. Ces deux piliers me permettent d’aller puiser en moi pour traverser toutes ces étapes.
Douleur, désespoir de ne pas y arriver, espoir et force se succèdent. Je donne tout. Des forces subtiles et puissantes viennent me soutenir. Je bouge dans tous les sens, empruntant des positions surprenantes. Je cris, je hurle pendant des heures. Entre deux, d’agréables moments et un repos souverain. Petit à petit je lâche, je m’ouvre.
La notion de temps est complètement perdue. Je sais juste que l’on y est et que, quoi qu’il arrive, il n’y a qu’une issue positive : la naissance de notre fils. Je m’y raccroche pour tenir et aller encore plus loin.
Une fois dilatée, les contractions de poussée arrivent. Bizarrement, je n’ai aucun souvenir d’en avoir entendu parlé … Elles sont pour moi bien plus violentes que « les vagues ». Coup dur. Se surpasser, encore et toujours plus. Un peu moins de 2h plus tard, les dernières poussées arrivent. Je m’écroule à moitié et rassemble tout ce qui me reste dans ces secondes/minutes interminables où le corps appelle, réclame toujours plus et où je sens que mon bébé veut sortir.
Plusieurs où je ne parviens pas, brève panique intérieure puis nous arrivons à la fabuleuse ultime poussée. Cette fameuse force me permet de passer des »portes », des « caps ». A chaque fois que je crois être au bout de mon expiration, ça s’ouvre. Ça bloque juste le temps d’ouvrir la porte d’après . Je ne sais pas combien il y en aura eu mais la tête passe et j’accueille mon bébé dans mes mains ! Moment irréel. Ce corps glissant entre mes doigts me permet de me reconnecter doucement. Je ne tiens plus debout mais qu’importe, il est là ! Contre moi ! Émotions, bonheur. Nous y sommes !
Il rampe vite au sein. Ma lucidité revient en un éclair ainsi que l’énergie, aussi incroyable soit il.
Le dépassement de soi, tout ce chemin, tous ces passages, toutes ces connexions et ces ressources furent magiques ! Dur mais fantastique ! Vivement le prochain !
Julie
La première heure
La première fois que le regard d’un nouveau-né a percé l’objectif de mon appareil photo, j’ai eu le souffle coupé.
Regard aveugle?
Si différent pourtant de celui qui ne voit que du noir et qui ne sait où se poser.
Direct, exigeant. Convaincu de sa propre existence. Etonné d’être là.
Regard antérieur et premier. Qui connait tout. Qui a tout à découvrir.
Grave, incontournable. Sans la moindre trace d’humour pour en dissoudre la profondeur.
Regard qui dépouille.
Qui réduit à néant les mots gentils et les phrases sucrées.
Mystère.
Silence que rompt le premier cri.
Corps brut, primitif. Reptile et dinosaure. Que des vagues souterraines expulsent de sa nuit liquide pour le déposer haletant, déformé sur le rivage terre.
Corps neuf, transparent et lisse. Ebloui par la lumière, brulé par la puissance du premier souffle.
Esprit échoué dans la matière.
Unique.
Le gourmand, le nerveux, le doux, l’inquiet, l’ébahi, le colérique…
Mince ou rond, blanc ou noir…
Quand leur regard m’atteint, parfois longuement, je perçois à travers lui des fragments d’éternité.
Ils ont bientôt lavés, peignés, habillés. Ils deviennent civilisés et présentables. Le sommeil les gagne. Derrière leurs paupières closes leur connaissance du mystère se dissipe dans l’oubli.
Il me semble qu’alors ils se réveillent innocents.
Valérie WINCKLER (Visages de l’Aube)
La Naissance
Trois fois trois jours la cloche des douleurs t’éveilla et ton visage prit la couleur qui m’avertissait. Toute ta chair se hâtait vers ce dernier travail.
L’éternel miracle était encore une fois notre porte.
La grande poussée victorieuse libéra le poisson tout luisant de sa mère. Il était là, dangereux à tenir, et nous ne savions pas s’il était déjà lui ou encore nous.
C’est alors que nos yeux se reconnurent. Nous échangeâmes nos joies d’avoir mené la tâche, nos vigueurs d’avoir résisté à d’autres tentations, nos confiances de nous connaitre.
Notre poisson restait là, endormi, après le grand effort de ses poumons et nous ne savions pas encore si son âme était arrivée.
Gabriel COUSIN
Mains sur mon ventre
Mains sur mon ventre
Pas sur le sable
Epouse la surface
Pénètre et dévoile
Mes sens ébranlés
En ce corps inconnu
Emerge une vie nouvelle.
La source s’emplit d’eau
Mon ventre s’emplit de toi
Un chant imperceptible
Murmure et résonne
Mon cœur mis à nu
Un lieu plus vaste s’ouvre
Enceinte.
Jardin de chair
Jardin de terre
Nourrit la graine
Reçoit et accueille
Le cocon grandissant
Pour neuf mois
Le partage d’une danse
Nommée Passage.
Claire GUEYRAUD
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